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Catégorie : Information Nationale

La "guerre du thermostat" est un classique de la vie de bureau. Mais au-delà du simple confort personnel, saviez-vous que la température de votre lieu de travail a un impact direct et mesurable sur votre productivité ?

Si vous vous sentez moins concentré, plus lent ou plus fatigué au bureau, le coupable n'est peut-être pas la réunion de 16h, mais tout simplement le thermomètre.

On profite de la petite accalmie météo pour fait le point.

La science a parlé : la température idéale pour votre cerveau

On pourrait penser que la température parfaite est subjective. Pourtant, la science nous offre des pistes très claires. Une méta-analyse, compilant les résultats de plusieurs études et publiée en 2019 par P. Wargocki et ses collègues, a mis en évidence une courbe de performance fascinante pour les employés de bureau.

Niveau de performance des élèves (traits discontinus) et des employés de bureau (traits continus) en fonction de la température de l'air de leur lieu de travail selon différentes études.

Le constat est sans appel : la performance cognitive atteint son pic optimal lorsque la température se situe entre 21°C et 22°C.

Au-delà de 24°C, la performance commence à chuter de manière significative. Une température trop élevée demande à notre corps plus d'énergie pour se refroidir, nous rendant plus léthargiques et moins aptes à des tâches complexes. À l'inverse, en dessous de 20°C, notre corps lutte contre le froid, ce qui peut également devenir une source de distraction et de baisse de concentration.

Le dilemme : sobriété énergétique contre productivité

"Très bien", direz-vous, "mais IBM vise à faire des économies d'énergie". C'est un argument tout à fait valable.

IBM préconise une température minimale de 26°C en été, suivant ainsi les préconisations du gouvernement dans les locaux dans un but de sobriété énergétique. Les recommandations gouvernementales, notamment en période de crise énergétique, incitent souvent à régler le chauffage à 19°C en hiver et la climatisation à 26°C en été.

Cependant, il est crucial de rappeler trois choses :

  1. Ce sont des recommandations, et non des obligations légales. Le Code du travail n'impose pas de température précise, mais il oblige l'employeur à assurer la santé et la sécurité de ses salariés, ce qui inclut un confort thermique adéquat.

  2. Un gain de productivité peut largement compenser le coût énergétique. Une baisse de performance de 10% sur toute une équipe coûte bien plus cher que quelques degrés d'ajustement sur la climatisation.

  3. L'été nous surproduisons de l'électricité. Enedis peine à faire consommer l'ensemble de la production nationale en été et l'électricité se retrouve souvent à prix négatif (368 heures en 2025 à date de la rédaction de cet article soit déjà plus que pour l'année 2024).

Comment aborder le sujet avec ton manager (sans déclencher une guerre froide) ?

Ton manager est sceptique ? L'objectif est de montrer que ta demande n'est pas un caprice, mais une démarche gagnant-gagnant pour l'équipe et l'entreprise.

Voici une approche constructive :

  1. Préparez vos arguments : Mentionnez l'impact direct de la température sur les performances cognitives.

  2. Proposez une discussion : "J'ai lu des informations intéressantes sur la manière dont la température ambiante peut influencer notre efficacité. Je pense que nous pourrions être encore plus performants en ajustant légèrement le thermostat. Pourrions-nous en discuter ?"

  3. Suggérez un test : Proposez d'essayer une température de 22°C pendant une semaine et d'évaluer collectivement la différence en termes de concentration et de bien-être.

Et si la conversation est difficile, n'hésitez pas à faire de cet article un médiateur. Redirigez simplement votre manager vers cette page et l'étude sur laquelle il s'appuie. Parfois, une source externe, factuelle et neutre est le meilleur moyen d'ouvrir le dialogue et de faire comprendre que derrière une demande de confort se cache un véritable enjeu de performance.

La CFE-CGC milite pour que chacun puisse choisir la température au niveau du bureau dans lequel il est. Chacun et chacune est différent et a des besoins différents.

En conclusion, la température idéale au bureau n'est pas un luxe. C'est un levier de performance simple, efficace et scientifiquement prouvé. Il est temps de transformer le débat sur le thermostat en une conversation stratégique sur l'efficacité. Mais il ne faut pas non plus oublier le confort.